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Trekking et Fête de Gawai

Mardi 31 mai:

C’est parti pour un petit séjour dans la jungle avec mes patrons (Amélie et Chris), Sandrine (la cousine de ma patronne) et deux couples de backpackers (Tim & Alice = Français, Matthew & Katie = Irlandais et écossaise) qui séjournaient à l’auberge de jeunesse au dessus du bureau.

Ah oui avant tout, il faudrait peut-être que je vous explique ce qu’est Gawai : c’est une fête traditionnelle Dayak (peuples autochtones de Bornéo) pour célébrer la nouvelle récolte. Toutes les familles se retrouvent autour d’un repas (plutôt plusieurs repas) et généralement les personnes habitant en ville retournent dans leur village (longhouse). Disons que c’est un peu comme notre Noël.

Debout 4h du matin, pour un départ à 5h00. Ce qui nous attend : 4-5h de route + 4h de trek pour rejoindre le fameux village de Perdu aka Siba (village Iban*). A peine arrivés à l’endroit où nous allons laisser la voiture, que nous sommes déjà invités à prendre “un” verre et des petits gâteaux. J’arrive finalement à dire non poliment pour l’alcool car je n’en bois que rarement, par contre je me suis lancée sur les petits gâteaux pour prendre des forces pour le trek -> ERREUR (vous allez comprendre pourquoi plus tard).

De là, nous commençons le trek, et tombons sur une première longhouse*. Encore une fois, nous sommes invités pour le déjeuner. C’est à ce moment que je comprends que le marathon de “nourriture” ne vient que de commencer et que ça va être comme ça pendant 3 jours ! (Et moi qui venais de me mettre bien au sport…). Il est maintenant 15h00, et nous n’avons toujours pas commencé notre trek. Nos hôtes du déjeuner tenaient vraiment à ce que l’on reste mais notre destination était la fameuse longhouse de Siba que nous sommes les seuls à proposer à l’agence et qu’il me tenait à cœur de connaître. C’est après une longueeee discussion, promettant de faire Gawai prochain avec eux, que nous arrivons finalement à commencer le trek. Pas facile car la moitié du groupe était déjà “pompette” (très joliment prononcée par Katie), ce qui est normal après bon nombre de bières et shot de whisky… ils ne marchaient plus très droit haha.

BIM, fallait que ça tombe sur moi, je me fais piquer par une sorte de guêpe sur le bras. Amélie vient m’aider pour sortir vite le dar et se fait aussi piquer à son tour. Bref, après quelques légères larmes (oui ça faisait quand même mal), nous continuons. Les paysages sont magnifiques : entre montagnes, champs de poivre et forêt tropicale, nous traversons également plusieurs rivières. D’ailleurs en parlant de rivières, au bout de 2h de marche nous nous y arrêtons et croisons des gens d’un autre village en train de découper en petits morceaux un cochon (cf. photo) de 115 KG ! Pas besoin de vous dire que nous avons encore eu le droit à des bières et de goûter à ce fameux cochon (il y avait plus de morceaux blancs (le gras) qu’autre chose). Après une bonne petite baignade bien fraîche nous reprenons notre chemin, ouf nous en sommes à la moitié. Et notre équipe toujours aussi pompette, joyeuse et émerveillée des paysages.

Il est 18h30, nous arrivons enfin à la Longhouse de Siba et sommes accueillis comme des rois. A savoir que la longhouse comporte 14 familles. C’est donc l’heure de l’apéro/goûter et quasiment chaque famille nous sert à boire (Thé, chocolat chaud, café, et de quoi compléter notre « pompettitude »…). Je me retrouve avec 4-5 verres de boisson chaude devant moi (pas évident de refuser quand c’est proposer si gentiment). Personne ne parle anglais (peut-être 1 ou 2 mais pas très bien) du coup on fait comme on peut pour se comprendre, ahhh l’éternel langage des mains. Nous déposons ensuite nos affaires, et la chance j’ai le droit de dormir dans l'appartement du Chef, divisé en 3 parties en continue, la première qui fait salon et dortoir pour son fils, sa belle fille et ses petits enfants, la 2ème sa chambre et la 3ème la cuisine. Il n’y a pas de lit, ce sont juste des simples matelas qu’ils rangent une fois qu’ils ont fini de dormir. Ah oui j’ai oublié de parler des toilettes : chaque famille à sa propre « salle de bain », une petite maisonnette en taule/bois à l’extérieur de la longhouse. Il n’y a pas de douche mais des seaux d’eau venant de la rivière (donc pas d’eau chaude) et des toilettes "à la turc" (ah oui et il n’y pas de papier toilette…).

C’est reparti, c’est l’heure de MAKAI (manger en iban). Au menu, des pousses de bambou, des épinards sauvages, du cochon, du poulet, du riz (différentes sortes : violet, complet, gluant, cuit au bambou) et même de la chauve-souris (bon, je peux vous dire que je n’en suis pas très fan). Une fois le dîner fini (pour résumer cela fait au moins la 6ème fois que l’on mange dans la même journée !), le chaman du village appelle les esprits pour bénir la longhouse, ses habitants et ses visiteurs et pour s’assurer une bonne récolte la saison prochaine, c’est un rituel animiste. Un poulet est sacrifié et nous sommes invités à aider à préparer les offrandes pour les esprits. S’en suit des danses sur la musique spéciale Gawai et du karaoké. Nous sommes épuisés du trek et de la journée mais j’arrive à tenir jusqu’à 1h00 du matin, les autres jusqu’à 3h soit quasiment 24h debout.

Mercredi 1er juin:

Ahh qu’est ce que ça fait du bien de dormir ! La femme du chef m’invite à petit déjeuner avec elle. Du thé (toujours avec une bonne dose de sucre), des petits gâteaux bien sucrés et frits. Bref, je commence à faire une overdose de sucre, ou plutôt de manger tout court !

Les autres dorment encore, j’en profite pour faire un tour des environs et de prendre quelques photos. A peine revenue, qu’il est déjà temps de MAKAI. Au menu, la même chose que la veille. Une chose que je commence à comprendre c’est qu’il faut manger doucement, TREEESSSS doucement en fait. Et toujours avoir quelque chose dans son assiette. Sinon, il est certain que quelqu’un va vous rajouter de la nourriture. Et vu que refuser, ce n’est pas très bien vu… on n’a pas le choix que d’accepter. Les femmes du village vont ensuite mettre leur costume traditionnel et nous invitent également à les mettre-> Le rêve. Alice, Katie et moi sommes parées pour la fête et nous nous sentons comme de vrais princesses, le costume est simplement sublime. Entre temps, les hommes continuent à boire et chanter au Karaoké. Le Chef vient nous chercher et nous devons faire le tour du RUAI (espace commun) en 3 fois, et accepter les verres d’alcool que nous offrent les hommes. Le tout au son des gongs, génial ! Par contre cette fois-ci mon excuse Tidak Nirup Alcohol (je ne bois pas d’alcool) ne fonctionne plus, je suis obligée d’accepter chaque verre. Ça passe de la vodka, bière, whisky, tuak (vin de riz), Langkau au vinaigre de pomme. Le mot que j’utilise le plus est MIMIT (un peu) dès qu’on me sert de l’alcool. Mais nous n’avons pas le même sens de « un peu » . Une fois les 3 tours finis, nous commençons tous à danser sur la musique de Gawai puis finalement quelqu’un décide de mettre le cd des ROLLING STONES. Je pense que la vidéo vous en dira plus que des mots.

A ce moment là, il me semble que l’on est tous un peu « pompette », je décide de m’échapper un peu et de m’allonger sur une des terrasses à l’air frais. Alice et Sandrine me rejoignent, encore une fois je pense que les photos parlent d’elles mêmes. Au bout d’une heure, pas de chance, il commence à pleuvoir, Alice et Sandrine décident de partir dans leurs chambres, pour ma part je me trouve un petit coin dans le Ruai (espace communautaire de la longhouse où se déroule la fête) pour m’allonger. Entre temps, les festivités continuent il y a des jeux comme le tire à la corde, pêche de bouteille avec des petits bouts de bambous (pas facile !), une sorte de chaise musicale mais sans chaise etc.

On se réveille à peu près tous au même moment pour participer à la danse autour de l’arbuste (des branches sont accrochées au centre du Ruai pour former un arbre), toujours au son des gongs. Le chef ouvre le bal, le but du jeu est de danser autour d’un petit arbuste où les villageois ont accroché à l’aide d’une ficelle des boissons, petites sucreries et fruits. Il faut ensuite couper ce qu’on souhaite à l’aide d’une machette. C’est à mon tour, et je décide enfin de prendre la bouteille d’eau (j’insiste sur l’eau car ils n’en boivent pas beaucoup, plutôt du thé ou des boissons sucrés). J’entends que tout le monde se marre, oui en fait ce n’est pas de l’eau mais du langkau, un alcool à 40% ! Le sort s’acharne sur moi haha. N’empêche que pour une fois j’ai de l’alcool et qu’à mon tour je peux les faire boire ! Il est l’heure de Makai, tout le monde est HS, on peut le voir sur les visages. Une fois le repas terminé, il n’y plus personne à part nous les Orangs-puteh (hommes blancs). Nous étions prêts à continuer à faire la fête grâce à notre petite sieste mais étant donné que les villageois ont continué toute l’après-midi, ils étaient bien fatigués et ont décidé de partir se coucher. Bon au final ce n’est pas plus mal car le lendemain on partait pour notre trek de retour (long chemin cette fois). Je retourne dans chambre pour me coucher, je suis ravie de retrouver mon petit matelas. J’entends, par contre, un petit bruit bizarre et même pas 2 secondes après le toit me tombe sur la tête ! Oui oui vous avez bien lu ! Heureusement c’est une sorte de bois cartonné donc pas très lourd, mais j’avais de la poussière partout sur moi et sur le lit. Tout le monde dormait à part une des filles du fils du chef qui a vu ce qui s’est passé mais n’a rien fait. Vous vous imaginez bien comme que je me suis retrouvée bête. Heureusement, je retrouve Tim et Alice dans le Ruai qui vienne m’aider à sortir mon matelas, draps etc. J’appelle Amélie pour lui demander ce que je dois faire et surtout où est-ce que je dors. Il y a vraiment qu’a moi que ce genre de chose arrive, il y avait un bout de toit dans toute la longhouse qui s’effondre, fallait que ca tombe exactement sur mon lit. Bon quand on y repense c’est plutôt drôle. Je vais donc finalement dormir avec Amélie et Chris.

Jeudi 2 juin:

Le lendemain, petit déjeuner sucré/salé avant de partir pour le trek. On en profite pour faire des séances photos. Nous remercions les villageois pour ce super accueil et cette magnifique expérience ! Nous partons du village aux alentours de 11h. C’est parti pour 5h de trek avec des montés, des descentes, des sangsues (bon ça va il n’y en avait pas tellement heureusement pour nous ça faisait 2 jours qu’il n’avait pas plu). Le paysage est simplement à couper le souffle, et je réalise à ce moment que j’ai beaucoup de chance d’être au cœur de la forêt de Bornéo.

Nous arrivons en fin d’après midi là où nous avons laisser la voiture. Une dernière fois, nous sommes invités à boire et manger et surtout de prendre une douche avant les 4h de route. Nous arrivons à minuit à Kuching, nous sommes HS et j’ai qu’une hâte c’est de retrouver mon petit lit douillet.

J’espère qu’à travers ses lignes j’ai pu vous faire vivre un petit bout de mon expérience de Gawai.

Selamat Hari Gawai.

Mots en Iban:

Makai : manger

Nirup : boire

Palao : bourré

Mandi : douche

Garam : sel

Babi : cochon

Louba Louba = doucement

Mayo= beaucoup

Mimit = peu


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